Tu le sais toi, que la mort de la terre
Monte des profondeurs, déchire mes entrailles
Me rend fou de douleur!
Tu sais mon amertume, mon profond désarroi,
Entends, elle nous sonne,et nous faisons les sourds!
Elle se troue de partout, s'effrite et se noue,
Sa douleur est si forte qu'elle crache son venin,
Vomit ses torrents d'eau, ravage nos jardins!
Quand l'océan se pose, c'est le ciel qui rugit,
Féroce, il noie de son tumulte les malheureuses vies
Qui s'agrippent à sa fragile peau!
Là-bas la terre sèche, exsangue elle se meurt!
Dans ce désert lunaire, une fleur minuscule
Se dresse insolente, défie le ciel aride.
Les bêtes décharnées brament au clair de lune
Quand la fraîcheur descend et leur donne un baiser,
Mais le berger sait bien que l'illusion perdure
Et trace son sillon de poussière et de mort!
Les oiseaux sont partis vers des jours inconnus
Le monde est vide de leurs chants, de leurs cris,
Et moi je pleure devant l'immensité stérile et nue
Que je n'ai pu garder au temps de sa splendeur!
Tu le sais toi, que la mort de la terre
Nous unira bientôt en un combat ultime
Qui nous liera, c'est sûr, bien plus fort que l'amour,
Nos bras noués en choeur, nos coeurs en sentinelles!